HISTOIRE DES GRANDS LACS, HISTOIRES DE MASSACRE

Conférences
Date: samedi 11 octobre 2014 20:00

Lieu: MRL - Maison de Rousseau et de la Littérature  |  Ville: Genève, Suisse

Boubacar Boris DIOP, romancier et intellectuel sénégalais, auteurs du très remarqué Murambi, le livre des ossements, dialoguera sur l'écriture du génocide rwandais avec Eugène ÉBODÉ, romancier d'origine camerounaise, qui consacre à l'histoire du Rwanda son dernier roman, Souveraine Magnifique, à paraître début octobre.

 

BILLETTERIE 
Une rencontre: 10.- / 8.-
Pass 3 jours: 40.- / 32.-
Atelier d'écriture: 50.-/ 35.-

RÉSERVATIONS
Jusqu'au 9 octobre: par courriel ou au 022 310 10 28
Les 10, 11 et 12 octobre au 022 310 10 28 dès 14h

Boubacar Boris Diop

Né à Dakar en 1946, Boubacar Boris Diop est romancier, essayiste, dramaturge ainsi que  journaliste. Ancien directeur de publication du quotidien sénégalais indépendant, Le Matin, il collabore avec plusieurs titres de la presse étrangère. Il anime régulièrement des ateliers d’écriture. De nombreuses universités, en Afrique, en Europe et aux États-Unis, l’invitent comme conférencier ou professeur invité. Ainsi, cet automne, il donne un séminaire intitulé «Fiction romanesque et devoir de mémoire» à l’École Polytechnique Fédérale de Zürich. 
En tant qu’essayiste, il collabore à plusieurs ouvrages collectifs, parmi lesquels Négrophobie (Les Arènes, 2005) et L’Afrique répond à Sarkozy, Contre le discours de Dakar (Philipe Rey, 2009). En 2014, avec Aminata Dramane Traoré, il publie La Gloire des imposteurs, Lettres sur le Mali et l’Afrique, une analyse de la Françafrique à l’heure du néo-libéralisme. La politique et l’histoire occupent également une place centrale dans son travail littéraire.  Son premier roman, Le Temps de Tamango sort en 1981, préfacé par Mongo Béti. Pour le deuxième, Les Tambours de la mémoire (L’Harmattan, 1990), il reçoit le Grand Prix des Lettres du Sénégal. Il évoque une première fois le Rwanda et le génocide de 1994 dans Le Cavalier et son ombre (Stock, 1997) son quatrième roman. Il y séjourne une première fois en 1998 dans le cadre de la résidence d’auteurs «Rwanda: écrire par devoir de mémoire», qui transforme profondément son regard sur cette tragédie. Suite à ce premier séjour qui sera suivi de plusieurs autres, il écrit Murambi, le livre des ossements (Stock, 1999), un roman polyphonique très remarqué et traduit aujourd’hui dans plusieurs langues. Depuis, il poursuit son activité de romancier en français, mais également en wolof.

Cornelius eut un peu honte d’avoir pensé à une pièce de théâtre. Mais il ne reniait pas son élan vers la parole, dicté par le désespoir, l’impuissance devant l’ampleur du mal et sans doute aussi la mauvaise conscience. Il n’entendait pas se résigner par son silence à la victoire définitive des assassins. Ne pouvant prétendre rivaliser avec la puissance d’évocation de Siméon Habineza, il se réservait un rôle plus modeste. Il dirait inlassablement l’horreur. Avec des mots-machettes, des mots-gourdins, des mots hérissés de clous, des mots nus et – n’en déplaise à Gérard des mots couverts de sang et de merde. 
Boubacar Boris Diop, Murambi, le livre des ossements, Zulma, 2014 (2000).

Le devoir de mémoire est avant tout une façon d’opposer un projet de vie au projet d’anéantissement des génocidaires et le romancier y a son mot à dire. Il ne sert toutefois à rien de lui prêter l’ambition de soulever des montagnes avec ses seules chimères. Il est en vérité plus modeste: savoir qu’il a juste fait «un peu de bien» suffit souvent à son bonheur.
Boubacar Boris Diop, postface (2011) à Murambi, le livre des ossements, Zulma, 2014.

 

Eugène Ébodé

Né en 1962 au Cameroun, Eugène Ébodé passe ses premières années à Douala et Yaoundé. A la fin de son adolescence, il déménage pour le Tchad qu’il doit fuir quelques mois plus tard en raison de troubles politiques. De retour au Cameroun, il mène une première carrière de footballeur professionnel. En 1982, ce jeune homme issu d’une famille nombreuse, dont la mère est illettrée, part pour la France où il obtient son baccalauréat avant d’étudier les sciences politiques, la communication et les relations publiques. Il exerce différents emplois, dans la formation et l’administration. Au début des années 2000, il est directeur de cabinet du maire d’Achères tout en assumant un mandat de conseiller municipal à Villepreux, dans la banlieue parisienne. Eugène Ébodé est également chroniqueur littéraire, pour la radio ainsi que la presse écrite française et suisse. 
Dans ses deux premiers romans, La transmission (Gallimard, 2002) et La divine colère (Gallimard, 2004), il présente l’univers du football camerounais qu’il a connu dans sa jeunesse. En 2013, il publie La Rose dans le bus jaune (Gallimard), une «biofiction» selon (ses propres termes) qu’il consacre à Rosa Parks, figure emblématique de la lutte pour les droits civiques aux États-Unis. L’héroïne de son dernier roman, Souveraine magnifique (à paraître début octobre chez Gallimard), est une rescapée du génocide rwandais de 1994. C’est la tentative de compréhension du narrateur, originaire du pays de Crevettes, le Cameroun, que ce nouveau récit donne à lire. Il reçoit le Prix Ève-Delacroix de l’Académie Française 2006 pour Silikani (Gallimard) et le Prix Yambo Ouologuem 2012 à Bamako pour Madame l’Afrique (Apic, 2011). En 2010, il est nommé chevalier des Arts et des Lettres. 

- Qui vous envoie ?
- Je suis ici par ma seule volonté, mademoiselle Souveraine Magnifique ! C’est la première fois que je viens dans votre pays.
- Vous êtes du continent ?

- Oui. Ce que vous avez connu nous a aussi traumatisés. Je viens voir comment vit votre pays, vingt ans après la saison des coupe-coupe.
- Louable attention. Enfin, votre geste est rare. Depuis ce temps-là, nous nous sommes dispersés. Seuls les Occidentaux ou les juges viennent au Pays des Mille Collines. Pourtant les Africains peuvent entre ici sans visa. Vous venez d’où ?

- Du Pays des Crevettes.
- Ah ! vous aussi, vous aussi vous avez connu les Allemands et vous avez vécu sous leur administration. Voilà une chose qui nous rapproche !

- Pas moi, mes grands-parents ! Tout cela est bien loin maintenant. Ils nous ont laissé la discipline. À voir la manière dont vous êtes organisés ici, vous l’avez chérie et cultivée plus que nous.
- Détrompez-vous, nous l’avions déjà avant leur arrivée, monsieur. Nous ne sommes ni des clones ni des héritiers des Prussiens.
Eugène Ébodé, Souveraine Magnifique, Gallimard, 2014.

 

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