Sorcellerie et politique en Afrique centrale
Avec Patrice Yengo, anthropologue, est chercheur associé à l'Institut des mondes africains
La sorcellerie serait au coeur de la vie sociale et politique en Afrique centrale. Sa définition fait débat parmi les anthropologues. Mais, à l'interface de la parenté, de l'accumulation et du pouvoir, elle a trait au rapport de la société à l'Etat. A ce titre, n'est-elle pas la face cachée de la société civile ?
Crimes rituels, trafics d'organes, sacrifices humains, aucune échéance électorale ne semble imaginable en Afrique centrale sans ces pratiques que l'on attribue souvent à la place de la sorcellerie dans les sociétés, ce qui est loin d'être avéré. Si ce n'est le cas, de quoi sont-elles alors le témoignage ?
Certes, l'entremise de l'invisible est souvent indissociable de l'exercice du pouvoir. La compétition politique est volontiers assimilée à la traque des sorciers. Mais le recours aux entrepreneurs en occultisme, auxquels certains tentent d’échapper aujourd'hui par le recours au pentecôtisme, est une affaire de rapports de « force » auxquels le terme de sorcellerie donne toute sa réalité. Vue sous cet angle, la sorcellerie est le symptôme de la crise du politique dans des sociétés confrontées à la globalisation.
Patrice Yengo, anthropologue, chercheur associé à l'Institut des mondes africains (Paris, EHESS). Il a notamment publié La Guerre civile du Congo-Brazzaville (Karthala, 2006) et Les Mutations sorcières dans le bassin du Congo. Du ventre et de sa politique (Karthala, 2016). |
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- mardi 12 mars 2019 18:30 - 20:00